Ces derniers temps, l'agenda est décidément chargé du côté de Klesia. Après les curieux développements du renouvellement des régimes protection sociale de la pharmacie d'officine, il nous faut évoquer la récente dégradation des relations sociales internes au GPS. La direction réussit de plus en plus difficilement à juguler le mécontentement des salariés.
Débrayages sur les salaires
Chez Klesia comme, à la décharge de la direction, chez bien d'autres GPS, le gros sujet de fâcherie interne actuel, ce sont les salaires. Après trois années sans augmentation collective des rémunérations, la direction du groupe a proposé aux organisations synciales, courant mai, de ne pas rompre avec les bonnes traditions. Au lendemain de la création, par Klesia et BFM Business, du "Cercle de l'entreprise et de l'intérêt général", annoncée en grande pompe par Christian Schmidt de la Brélie, la promesse d'une nouvelle NAO vite expédiée n'a pas vraiment été reçue avec un enthousiasme débordant par les salariés et encore moins par leurs représentants. Leur réponse ne s'est pas faite longtemps attendre.
Les syndicats du GPS ont organisé des débrayages le vendredi 19 mai, à partir de 10h au siège parisien des Batignolles et à partir de 11h en province. La date n'avait pas été choisie au hasard. La sommitale se réunissait en effet ce jour-là à Paris. Afin d'être sûrs et certains que les administrateurs du GPS ne passeraient pas à côté de la mobilisation sociale, les syndicats les avaient d'ailleurs prévenus de ce qui allait arriver. Compréhensifs, les administrateurs ont fixé un rendez-vous de conciliation générale au lundi 22 mai. La réunion qui a eu lieu ce jour-là n'a pourtant pas servi à grand chose. Les partenaires sociaux ont appelé chacune des parties à faire preuve de bon esprit, mais rien n'y a fait. Le DG de Klesia a campé sur ses positions.
Il n'est pas garanti que les salariés vont accepter ce passage en force...
Un dialogue social houleux
Il faut dire que le problème des salaires n'est pas le seul qui se pose actuellement en interne. Bien des employés du GPS ne comprennent pas très bien quelle est la logique suivie en matière de gestion des ressources humaines. D'après plusieurs syndicats, chez les non cadres, l'heure est à la stagnation des effectifs. En 2017, les effectifs d'employés et d'agents de maîtrise étaient les mêmes qu'en 2012, soit 2243. Dans la mesure où la charge de travail globale a augmenté, les non cadres déplorent une importante surcharge de travail. Cette situation passe d'autant plus mal auprès des salariés que, dans l'encadrement et, plus encore, dans l'encadrement supérieur, les embauches se multiplient. Entre 2012 et 2017, l'effectif cadre est passé de 591 à 732.
Comme preuve des tensions sociales que traverse actuellement Klesia, certaines sources évoquent un malheureux évènement survenu lors de la séance plénière du comité d'entreprise qui s'est tenue le 31 mars dernier. Alors que, soutenus par les représentants du personnel, des membres des services de sécurité demandaient à la direction de les assurer de la pérennisation de leur contrat malgré un changement de prestataire, le DG aurait non seulement refusé de discuter avec les salariés et avec les élus mais, plus encore, il aurait quitté la réunion par un escalier dérobé - son ascenseur personnel était bloqué par les protestataires. Des témoins de l'affaire évoquent "l'une des scènes les plus burlesques de l'histoire de Klesia".
La fin des arrangements passés
Dans ce contexte particulièrement détendu, le nouvel équilibre des forces syndicales que l'on peut observer au comité d'entreprise ne contribue pas à apaiser les esprits. Jusqu'au début de cette année, le CE était tenu par une alliance entre la CGT, la CFDT et la CFE-CGC. Il se dit ici ou là que cette intersyndicale n'était pas du genre à chercher des poux à la direction du GPS. Peut-être faut-il y voir un lien avec leur exaspération croissante : en tout cas, lors des élections de renouvellement des élus au CE, les salariés ont préféré l'alliance entre FO, première organisation en voix, et Solidaires, à l'alliance CFDT, CGT et CFE-CGC. FO tient désormais le secrétariat général du CE (Gilles Belny), tandis que Solidaires tient la trésorerie (Laurent Dudot).
A priori, cette montée en puissance aurait pu ne pas déplaire à la direction de Klesia. Est-il nécessaire de rappeler que le vice-président du GPS est Jacques Techer, secrétaire de la fédération FO de la pharmacie, des cuirs et de l'habillement ? Dans une telle configuration, un syndicat FO puissant pourrait s'avérer être un bon atout pour les dirigeants de Klesia. Pourtant, il faut croire que ce n'est pas tout à fait ce que se dit le DG du groupe. La nouvelle équipe syndicale à la tête du comité d'entreprise l'assure en effet : la direction a empêché la tenue de la dernière réunion du CE. Alors que le climat social interne est déjà loin d'être au beau fixe, on peut évidemment s'interroger sur la pertinence d'une telle décision.