La dernière commission paritaire du caoutchouc a été l'occasion de définir les sujets de négociation pour l'année 2017. Pas spécialement connue pour son dynamisme paritaire, la branche ne devrait pas changer de braquet cette année. En particulier, a priori, 2017 ne sera pas l'année de la santé et de la prévoyance dans le caoutchouc.
Une longue disette
Les partenaires sociaux du caoutchouc ne se distinguent pas par leur ardeur signataire. Le dernier accord paritaire hors salaire qui a vu le jour dans le branche date en effet de novembre... 2015. Il concernait la formation professionnelle. Depuis, un accord salaires a, certes, été signé en 2016 - après quatre ans sans accord dans ce domaine. En 2016, après cette négociation salariale, les échanges paritaires ont principalement concerné le forfait-jours mais ils n'ont pas encore donné lieu à la formalisation d'un accord. Et comme, dans la branche, on a pris pour habitude de ne discuter que d'une chose à la fois, aucun autre sujet n'a vraiment été évoqué à côté de celui du forfait-jours. Plusieurs fois faisant coutume, les moissons 2016 se sont donc avérées bien maigres.
En ce début d'année 2017, la CFDT, deuxième organisation syndicale de la branche (24,5 %), était bien décidée à réaffirmer la légitimité de son orientation résolument réformiste. Aussi a-t-elle proposé un calendrier de négociation pour le moins ambitieux : "poursuite des négociations sur la carence maladie et le forfait-jours" bien entendu, mais aussi formalisation des "critères de pénibilité", "négociation sur le dialogue social et la qualité de vie au travail", "négociation sur les frais de santé et la prévoyance lourde" et enfin, tant qu'on y était, "négociation sur l’intéressement et la participation". Que de promesses de profusion ! Notons, au sujet de la prévoyance et de la santé, que la CFDT revendique depuis plusieurs années la création de deux régimes de branche.
Un patronat inflexible
Face à ces demandes syndicales, on imagine facilement que les représentants des employeurs ont dû être quelque peu chamboulés. Autant d'animation, dans une branche d'ordinaire si calme ! Surtout, dans le cas d'une branche où le patronat est représenté par deux organisations concurrentes l'une de l'autre, l'Ucaplast d'une part et le SNCP, où Michelin pèse de tout son poids, d'autre part, la proposition cédétiste d'une franche accélération du rythme des discussions paritaires avait toutes les chances de ne pas faire l'unanimité derrière elle. La surreprésentation, du côté des syndicats de salariés, des organisations plutôt ou franchement "contestataires" - à elles, la CGT, FO et Sud sont majoritaires - pouvait d'ailleurs conforter l'inflexibilité patronale.
Dans une telle configuration, nos lecteurs ne seront guère surpris d'apprendre que la plupart des revendications de la CFDT ont été balayées d'un revers de la main. Qualifiant la réponse des employeurs de "minimale", l'organisation précise : "seuls l’intéressement et la participation ont été retenus". La protection sociale pourra encore attendre. En outre, les deux chambres patronales ont prévu d'achever la négociation sur le forfait-jours et de discuter de la mise en place de la loi Travail dans la branche. En particulier, le caoutchouc va devoir s'entendre sur son ordre public conventionnel. Cette négociation risque de s'avérer difficile, tant les représentants patronaux semblent vouloir réduire le champ des échanges paritaires au niveau de la branche.